Tensions entre la Chine et l’UE dans le secteur photovoltaïque

BEIJING, 5 février (Xinhua) — « La pollution atmosphérique est l’une des raisons pour lesquelles la Chine a besoin de développer les énergies propres », a déclaré Stefan Riel, co-fondateur de la société allemande Wirsol Solar et président de sa filiale en Chine, lors d’une interview accordée un jour brumeux de fin janvier à l’Agence de presse Xinhua.

Confiant dans l’avenir du marché chinois, M. Riel a emménagé il y a deux ans avec sa famille à Beijing, où est né son deuxième enfant.

Pourtant, le secteur photovoltaïque mondial est en difficulté. M. Riel ne soutient pas, tout comme nombre de ses confrères allemands, les éventuelles mesures anti-dumping et anti-subventions contre les produits photovoltaïques (PV) en provenance de Chine.

L’industrie chinoise a effectivement « subventionné » de part la compétitivité des prix et la qualité de ses produits, la consommation d’énergie solaire en Europe, a-t-il admis, assurant que l’adoption de mesures correctives ne sera bénéfique ni pour la Chine ni pour l’Europe.

M. Riel a estimé que l’apaisement des tensions entre la Chine et l’UE requérait une explosion de la demande chinoise, une alliance entre les vendeurs chinois et une meilleure connaissance européenne du développement des projets solaires.

En janvier, la Chine a de nouveau augmenté l’objectif de sa capacité installée en énergie solaire à 35 GW d’ici 2015. Il s’agit de la quatrième hausse depuis l’annonce initiale de l’objectif, qui était préalablement fixé à 5 GW. Cette démarche a pour but de soutenir les fabricants chinois et de garantir la sécurité énergétique nationale.

Les fournisseurs chinois qui ont fait fortune grâce à la croissance spectaculaire du marché européen doivent désormais explorer d’autres marchés pour répondre à la surcapacité du secteur et faire face à un environnement extérieur de plus en plus instable, a constaté Hong Wei, directeur du centre de recherche PV de l’Institut de l’Economie des énergies de Chine.

Wirsol a signé un accord l’année dernière avec Yingli Green Energy Holding Co. visant à installer une couverture solaire sur toiture industrielle de 50 MW à Baoding dans la province du Hebei (nord). La première phase du projet (15MW) sera achevée l’été prochain, a fait savoir Patrick Kempf, vice-président de Wirsol Chine.

Le géant Yingli est l’un des fournisseurs chinois de Wirsol et aujourd’hui son partenaire sur le marché local.

MM. Riel et Kempf considèrent que la production décentralisée, depuis peu soutenue par le gouvernement chinois, sera le moteur du marché local. Les systèmes de production décentralisée d’électricité solaire d’une capacité installée de moins de 6MW seront gratuitement reliés au réseau électrique national, ce qui soutiendra la production des toitures chinoises, en particulier des toitures industrielles.

Cependant, le développement durable des projets produisant de l’énergie solaire pour une durée de 20 à 30 ans reste l’une des grandes préoccupations de Stefan Riel.

En effet, beaucoup d’entreprises, surtout celles qui rencontrent des difficultés financières, jouent du phénomène spéculatif qui touche le secteur de l’énergie solaire. Les moyens de financement sont assez limités et l’on ignore combien de temps encore le secteur bénéficiera de subventions.

Hong Wei estime que la production décentralisée sera en outre confrontée à des problèmes délicats en Chine, tels que la non-compatibilité de la structure des bâtiments avec le système photovoltaïque et la propriété des toitures des bâtiments résidentiels.

Néanmoins, le potentiel du marché est certain. Solarbuzz, une société spécialisée en recherche et analyse du marché solaire mondial, a observé une accélération de la demande chinoise. Au quatrième trimestre de 2012, la Chine a absorbé 33% des produits photovoltaïques du monde, alors que le marché ne représentait il y a deux ans que moins de 10% du marché mondial.

Ce qui importe, c’est d’avoir un objectif de développement à long terme, a conseillé M. Riel.

Agence de Presse Xinhua.