Nouvel an chinois : la Chine, ses réjouissances… et son or

La toute récente année du cheval, en Chine, pourrait bien continuer à doper les stocks d’or Asie. Alors qu’à la fin du mois de janvier, l’empire du Milieu et ses nombreux expatriés à travers le monde fêtent le Nouvel An chinois, les chiffres des importations d’or en Chine poursuivent leur augmentation. Premier importateur d’or au monde, la Chine continue à prendre du poids sur le marché du métal précieux.

Un achat d’or dopé chez les particuliers

Le Nouvel an chinois démarre le 30 janvier et est fêté jusqu’à la mi-février. Après l’année du serpent, cette nouvelle année est placée sous le signe du cheval, le septième signe du cycle zodiacal de l’astrologie chinoise, un animal que le zodiaque chinois dit libre, émancipé et créatif. Mais pour 2013, qu’est-ce que cela réserve ?

À Hong-Kong, les bijouteries ont vu leurs ventes dopées ces dernières semaines par l’approche du Nouvel an chinois. Une fête où, traditionnellement, les Chinois profitent de l’occasion pour se déplacer dans le pays afin de retrouver leur famille… et leur faire des cadeaux. Les bijoux en or en font évidemment partie. « Les personnes âgées pensent que l’or apporte la bonne fortune, et garde sa valeur », témoigne ainsi Jiang dans un article de Businessweek.com, « et les cadeaux en or apprennent aux enfants la nécessité d’un bon investissement ». Une attitude volontiers encouragée par le gouvernement, qui suit la même politique… à bien plus grande échelle.
Traditions culturelles aidant, il faudra également s’attendre à une très forte demande en or des particuliers au moment des fêtes du printemps.

En 2013, le premier importateur d’or

Pour Hong Kong uniquement, le World Gold Council évoque un record d’importation de plus de 1 100 tonnes d’or pour 2013. Soit plus de 30 % qu’en 2012. Ce chiffre augmenterait encore en prenant en compte les autres sources d’importation de la Chine.
En 2013, la Chine est en fait devenue le premier pays importateur d’or. La hausse du niveau de vie des Chinois et la baisse du cours du métal précieux ont directement impacté sur les habitudes d’achat des particuliers, si bien que pour répondre à la demande, les importations d’or ont augmenté et augmenté encore… jusqu’à faire de la puissance chinoise le premier acteur incontournable de l’importation du métal précieux. Et dans le même temps, l’Inde toute proche, pourtant habituée du marché, a commencé à se retirer des affaires aurifères, à mesure que les achats d’or dans le pays chutaient.
Il faut donc croire que l’année du serpent, l’année 2013, a particulièrement bien réussi au marché de l’or en Chine. Et que penser alors de cette année du cheval qui commence ?

Objectif premier de la classe ?

En deux ans et demi, la Chine a donc acheté 2 500 tonnes d’or. À titre de comparaison, le stock de la France est de 2 435 tonnes d’or. Et à ces 2 500 tonnes, il faut également ajouter la production aurifère du pays, que la Chine se garde bien d’exporter.

Car quand on parle de premier importateur, il ne faut pas oublier que la Chine est également le premier producteur d’or au monde. Cité dans un article de Challenges.fr le 8 novembre, Du Haiqing, le vice-directeur général de China Gold Group Corp (l’un des principaux producteurs) estimait que la production chinoise « devait atteindre devrait atteindre 430 tonnes cette année, contre seulement 403 tonnes l’an dernier ».

Avec de tels chiffres, la Chine galope donc en tête, devant l’Australie, les États-Unis et l’Afrique du Sud. Et depuis quelques années, les banques chinoises mettent également un point d’honneur à garder l’œil sur les achats de mine d’or à l’étranger. Cela a d’ailleurs valu aux investisseurs chinois de prendre le contrôle de mines australiennes et sud-africaines, ou de projets miniers au Brésil ou au Kirghiztan.

Quels sont les stocks d’or de la Chine ?

Premier importateur, premier producteur… et qu’en est-il des stocks d’or de la Chine ? Le géant asiatique ne communique plus officiellement depuis des années sur son propre stock d’or. Depuis 2009 plus précisément : pour tenter de connaître les stocks d’or détenus par Beijing, les experts tentent donc de décrypter les chiffres des imports et ceux de la production aurifère. D’ici quelques années, la Chine pourrait donc actualiser officiellement ses stocks et annoncer des chiffres supérieurs à ceux… de la réserve d’or des États-Unis, par exemple. Une annonce qui placerait alors la Chine officiellement sur le podium, alors que les États-Unis détiennent 8 133 tonnes d’or. Et qui renverserait probablement la donne mondiale.

Pourquoi la Chine veut-elle se placer au premier rang mondial ?

Si la Chine met autant d’empressement à importer de l’or et garde autant le secret sur ses propres réserves, c’est bien parce qu’il y a des raisons économiques majeures. Sur LORetLARGENT.info, nous en parlions déjà l’année dernière dans un dossier « Le vrai poids de la Chine sur le marché de l’or ».

Sur les marchés internationaux, le dollar est déjà mis à mal par le yuan, la monnaie chinoise, alors que des accords commerciaux basés sur le yuan ont été signés avec la Russie, le Japon, l’Indonésie ou le Brésil. Mais le dollar risque véritablement de prendre un coup le jour où Beijing annoncera disposer de réserves d’or supérieures à celles des États-Unis. Adossé à une véritable montagne d’or, le yuan deviendrait alors incontournable sur les marchés internationaux.

Un petit rappel historique est-il nécessaire ? Au XIXe siècle, la devise référente sur les marchés était la livre sterling, dans une économie mondiale dominée par la puissance britannique. Au XXe siècle, les États-Unis ont pris le relais avec un billet vert mondialement reconnu. Et si la Chine se préparait tout simplement à se servir de l’or pour imposer sa monnaie comme référence du XXIe siècle ?