Les réunions de printemps du FMI s’achèvent sur fond d’une reprise de l’économie mondiale en amélioration mais inégale

WASHINGTON, 12 avril – Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu ses réunions annuelles de printemps samedi sur fond d’une reprise de l’économie mondiale en amélioration mais inégale.

« L’économie mondiale se porte mieux. (Cependant) elle est inégale, elle est trop lente, elle est trop fragile », a estimé samedi la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, lors d’une conférence de presse.wg

Le FMI a déclaré plus tôt cette semaine que la reprise mondiale se renforcerait cette année, mais a réduit ses prévisions de croissance en raison d’un ralentissement dans les marchés émergents.

Alors que les économies avancées sont à la hausse, la reprise mondiale continue d’être inégale et faible, a indiqué le FMI, ajoutant que cela présente des risques de faible inflation et d’incertitude pour les pays en proie aux troubles politiques.

Le lent renforcement de l’économie américaine contribuera à une croissance de 3,6 % de l’économie mondiale en 2014, ce qui représente une hausse par rapport aux 3 % de l’année dernière, mais qui demeure légèrement inférieur aux prévisions antérieures de 3,7 %, selon les chiffres du FMI publiés cette semaine.

La croissance est devenue positive dans la zone euro. L’activité économique du Japon pourrait bénéficier des investissements privés et des exportations, mais l’ensemble de l’économie japonaise devrait connaître un léger ralentissement en raison d’un durcissement de la politique budgétaire en 2014-2015, a analysé le FMI.

Alors que la croissance se développe actuellement dans la bonne direction, l’investissement reste relativement faible partout, tant dans les pays émergents que dans les pays développés, y compris les États-Unis, a averti Tharman Shanmugaratnam, président du Comité monétaire et financier international du FMI, lors de la même conférence de presse.

L’ASIE CONNAÎT LA CROISSANCE LA PLUS DYNAMIQUE

La croissance de l’Asie est de loin la plus prospère et a été considérée comme un réel succès lors des réunions de printemps du FMI de cette année, même si la croissance varie d’un pays à l’autre.

« Nous pensons que la région Asie-Pacifique restera la plus dynamique du monde, bien que le taux de croissance en 2014 ne soit pas aussi brillant qu’il y a quelques années », a indiqué vendredi à la presse Changyong Rhee, directeur du département Asie-Pacifique du FMI.

« La région est bien positionnée pour tirer profit de la reprise des économies avancées, et la dynamique de croissance va se poursuivre », selon lui. « Le principal moteur de cette croissance est certainement l’amélioration de la demande extérieure en raison de la reprise des économies avancées », a-t-il commenté.

L’économie asiatique devrait croître de 5,4 % cette année et de 5,5 % l’an prochain, ce qui consiste en une légère hausse par rapport aux 5,2 % de 2013.

La Chine devrait connaître une croissance d’environ 7,5 % en 2014, soit inférieure aux 7,7 % de 2013, mais cela « doit être considéré comme un ajustement souhaitable vers une voix de croissance plus durable », a noté M. Rhee.

Avec la transformation actuelle du géant asiatique, passant d’une économie basée sur les exportations à une économie axée sur une augmentation des dépenses des consommateurs, Desmond Lachman, de l’Institut de l’entreprise américaine pour la recherche sur les politiques publiques (AEI), a confié à Xinhua qu’une économie chinoise plus équilibrée rendrait la performance de croissance du pays, déjà impressionnante, plus durable.

Si les tendances actuelles se maintiennent, la deuxième plus grande économie du monde pourrait dépasser l’économie américaine en matière de taille d’ici à 2020, a prévu M. Lachman.

« Cependant, étant donné que la consommation de la Chine est inférieure à 50 % du PIB tandis que le ratio américain est de 70 %, la consommation de la Chine ne pourra être plus importante que celle des États-Unis qu’aux alentours de 2025 », a-t-il estimé.

Selon Barry Bosworth, chercheur à l’Institut Brookings, la Chine finira par remplacer les États-Unis au rang de plus grande économie de consommation du monde, mais cela prendra quelques décennies et dépendra des succès de la Chine dans la promotion de la croissance d’une classe moyenne et de la consommation qui s’ensuit.

Cette année, le Japon connaîtra une croissance de 1,4 %, l’Inde dominera l’Asie du Sud avec une croissance de 5,4 % et la croissance économique de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) atteindra 5 %, selon les projections du FMI.

Il existe certains risques, a relevé M. Rhee, y compris l’impact que l’assouplissement quantitatif peut avoir sur les économies asiatiques. Par ailleurs, un « resserrement désordonné et imprévu de la politique monétaire pourrait avoir un impact négatif sur l’Asie à travers des sorties de capitaux de la région et l’augmentation des coûts d’emprunt ».

Les économies frontalières, telles que le Myanmar et le Cambodge, continueront à rattraper les autres, et leurs taux de croissance respectifs seront de 7,8 % et 7,2 %, a ajouté M. Rhee.

LA CROISSANCE AMÉRICAINE S’AMÉLIORE

L’économie américaine s’améliore et devrait croître de 2,8 % cette année, a indiqué le FMI, bien que les économistes en dehors du FMI notent que le taux de croissance n’est pas suffisant pour voir des millions de chômeurs américains retourner au travail.

« Pour la plupart, les freins ont disparu » aux États-Unis, a indiqué l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard. « La reprise américaine est la plus forte parmi les économies avancées et donc elle aide le monde d’une certaine façon. »

Le Fonds s’attend à de bonnes nouvelles pour les États-Unis en 2015, avec une prévision de croissance de 3,9 %, a annoncé le FMI plus tôt cette semaine.

Selon M. Lachman, les conditions de croissance sous-jacentes aux États-Unis semblent favorables, en particulier dans les secteurs de l’énergie et du logement. Contrairement à 2013, l’économie américaine ne sera pas confrontée à des vents arrières très forts cette année et l’an prochain.

Cependant, M. Lachman a souligné qu’il est peu probable que les États-Unis puissent croître de plus de 3 % par an de façon soutenue. Le reste du monde ne sera donc pas en mesure de se fier aux États-Unis pour assumer leur ancien rôle de locomotive de la croissance économique mondiale.

« Il semblerait que chacun des principaux blocs économiques aurait besoin de générer sa propre croissance », a-t-il indiqué.

En outre, il reste à déterminer si la croissance américaine se traduira par une création d’emplois, du fait que les récents progrès économiques n’ont pas aidé à réduire le taux de chômage américain.

Plusieurs millions d’Américains sont au chômage, et le chômage de longue durée – le nombre de personnes sans emploi depuis 27 semaines ou plus – s’élève à 3,7 millions, ce qui représente 35,8 % du nombre total de personnes sans emploi, selon le département américain du Travail.