France : l’échec retentissant du pari présidentiel sur l’inversion du chômage

PARIS, 28 janvier – Le gouvernement n’est pas parvenu à inverser la courbe du chômage en France fin 2013, une promesse pourtant répétée à l’envi par le président François Hollande et ses ministres tout au long de l’année dernière, constate mardi la presse française.

Les chiffres dévoilés lundi soir par Pôle Emploi (organisme public chargé de l’accompagnement des chômeurs en France) ne confortent guère le ton optimiste adopté par l’exécutif au sujet de l’évolution de l’emploi dans l’Hexagone.

« Avec 10 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en décembre, 178 000 de plus en un an, les chiffres publiés hier soir n’apportent pas seulement un nouveau démenti à une parole présidentielle qui, singulièrement démonétisée, ruine la confiance du citoyen dans son élite, » estime le journal économique français Les Échos, dans un éditorial sévère publié mardi.

« Ils ne sanctionnent pas seulement l’échec d’un pari imprudent, ils signalent la défaite d’une ligne politique, » poursuit le quotidien financier, reprochant au président François Hollande d’avoir voulu « faire mentir les économistes » et, par conséquent, de « ne pas s’être donné (..) les moyens de tenir (ses pariséconomiques) ».

« Quand les secousses de la désindustrialisation, de la dématérialisation, de la mondialisation, ont poussé la plupart de nos concurrents à libéraliser leur marché du travail (..), la France s’ en est tenue à ses vieilles recettes, cherchant d’abord à protéger ses emplois à durée indéterminée et ses usines exsangues, » regrette Les Échos.

Consacrant sa une au « pari perdu de Hollande », le journal français de droite Le Figaro souligne que « le chômage atteint un niveau record » en France, où l’on décomptait 3,3 millions de demandeurs d’emploi fin décembre.

Face à cette « effarante réalité », l’éditorialiste du quotidien préconise au gouvernement socialiste, au pouvoir depuis mai 2012, « d’aborder les sujets qui fâchent », en baissant le coût du travail et simplifiant la législation sociale en vigueur afin d’encourager l’embauche dans le secteur privé.

« Prétendre inverser la courbe du chômage sans introduire davantage de flexibilité dans notre droit du travail est illusoire », souligne-t-il.

Le quotidien Le Parisien ne se montre pas, lui non plus, tendre à l’égard de la politique de l’emploi du président Hollande. « Chômage : chronique d’un échec annoncé », titre le journal à grand tirage.

Selon Le Parisien, suite à cet échec, le « nouveau pari élyséen » consiste à « renvoyer la balle dans le camp des entreprises », en leur proposant un dispositif intitulé « pacte de responsabilité » et prévoyant un allègement des charges salariales en échange d’une relance de l’embauche.

« Et si (les entreprises) ne sont pas au rendez-vous, (le président) Hollande ne sera plus seul, pense-t-il, à devoir porter la responsabilité de l’échec d’une promesse », conclut le journal.

Quelque peu moins pessimiste, le quotidien français de gauche Libération se contente de faire remarquer que « Hollande a du boulot », reconnaissant que, sur le front du chômage, « l’inversion promise n’a pas eu lieu ».

« En 2013, ça casse, en 2014, ça passe ? », s’interroge le journal, qui considère que le président a raté « de peu » son objectif.

Selon Libé, le chef d’État français a pris un « deuxième pari », à savoir « espérer que la suppression des cotisations familiales payées par les entreprises (grâce au « pacte de responsabilité »), ajoutées à quelques mesures de simplification administrative, sera un cocktail suffisant pour dégripper l’économie française et faire baisser le chômage ».

« Mais cette fois, à l’Élysée, personne ne veut prendre le risque de se fixer une nouvelle échéance », précise le quotidien.

Agence de Presse Xinhua