Dédollarisation, AIIB : la Russie et la Chine poursuivent leur lune de miel à Bo’ao

La dédollarisation est l’une des composantes de la « désaméricanisation » de l’économie mondiale. La nouvelle banque asiatique est là pour cela et son succès inquiète grandement les Américains.
Si les USA s’opposent toujours à la réforme des institutions internationales, cela pousse l’axe sino-russe à mettre en place ses propres structures, la nature ayant horreur du vide.
Nous assistons à l’émergence d’un véritable contre-pouvoir, même si nous n’en sommes qu’au début.
Charles SANNAT
Roubles et yuans© Sputnik. Alexander Demyanchuk
La Russie et la Chine ont poursuivi leurs efforts de rapprochement tous azimuts dans le domaine économique dans le cadre du Forum de Bo’ao pour l’Asie (FBA), qui s’est clôturé dimanche dans la province insulaire chinoise de Hainan (sud).

Banque asiatique d’investissement : la Russie répond présent

Le premier vice-premier ministre russe Igor Chouvalov a annoncé samedi à Bo’ao que la Russie rejoignait la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB). Selon lui, l’AIIB créera des possibilités supplémentaires pour le développement et la prospérité. Créée en 2014 à l’initiative de la Chine, cette banque, dont le capital statutaire s’élèvera à 1 000 milliards de dollars, a pour objectif d’investir dans des projets d’infrastructure dans la région Asie-Pacifique.

Elle est considérée comme un concurrent de la Banque mondiale, basée à Washington, née des accords de Bretton Woods, ainsi que de la Banque asiatique de développement (BAD), dominée par les États-Unis et le Japon. L’hostilité de Washington n’a pas empêché des pays comme le Royaume-Uni, la France, l’Italie, et l’Allemagne, la Suisse et aussi l’Australie et le Brésil, de manifester leur intérêt pour le projet.

La dédollarisation en marche, mais trop lente

Selon le vice-ministre russe des Finances Alexeï Moïsseïev, les participants d’une rencontre concernant le renoncement au dollar dans les relations commerciales réciproques ont de leur côté noté que les échanges en rouble et en yuan avaient connu un net essor, même si celui-ci restait insuffisant. En outre, le caractère fortement saisonnier des échanges russo-chinois risque de laisser libre cours aux spéculateurs, a-t-il noté. De son côté, le patron de la banque russe VTB Andreï Kostine déplore également la transition trop lente vers les échanges en devises réciproques. « Si l’on prend en compte la Chine avec son énorme chiffre d’affaire, 38 % de ses échanges se font en yuans, dans les échanges réciproques avec la Russie, la part des échanges en devises nationales n’est que de 7 % », a-t-il indiqué.

La politique axée sur la dédollarisation, lancée il y a plusieurs années, est passée à la vitesse supérieure avec la mise en place de sanctions économiques contre la Russie par l’Occident, États-Unis en tête.

Investissements de grande envergure

Le Fonds russe pour les investissements directs a de son côté évoqué avec le fonds chinois Route de la soie une série de projets, notamment dans la construction d’autoroutes payantes et la création d’infrastructures visant à accéder aux gisements de matières premières. « Nous coopérons activement avec le fonds Route de la soie (…). Nous estimons que les besoins de la Russie en investissements d’infrastructure se chiffrent en centaines de milliards de dollars. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) et le fonds Route de la soie sont de très importants partenaires économiques afin d’investir dans des projets clés en Russie », a souligné le directeur du Fonds russe pour les investissements directs Kirill Dmitriev.

Ouvrir les marchés de la dette

La Russie et la Chine examinent la possibilité pour les émetteurs de dette des deux pays d’investir sur leurs marchés réciproques, a déclaré le vice-ministre russe des Finances Alexeï Moïsseïev. « Nous avons évoqué l’entrée des émetteurs de dette russes sur le marché des capitaux chinois, et inversement », a-t-il confié à l’issue du Forum.

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