Xu Xiaonian : l’Europe n’est pas prête à sortir de la dépression

BEIJING, 8 juillet – « Avant de venir en France, mon opinion était que l’économie européenne n’était pas encore prête à sortir de la dépression », s’est ainsi exprimé Xu Xiaonian, professeur à la China Europe International Business School (CEIBS), face à la presse chinoise et étrangère à Paris. « J’ai constaté tout au long de ma visite que l’Europe n’avait pas pris conscience, au niveau gouvernemental, de ce qu’elle devait faire pour résoudre la crise financière. Mon jugement se fonde essentiellement sur le fait que l’Europe est en situation déficitaire depuis cinq ans et que les États-Unis sont quasiment parvenus à réduire leur endettement. »

M. Xu fait ici référence à une visite collective en France et en Belgique qui était organisée du 23 au 29 juin pour les entrepreneurs chinois. Dans le cadre de cet événement, la délégation a effectué 30 rencontres et entretiens en seulement 8 jours.

Xu Xiaonian a immédiatement donné le ton de son discours : « Tout comme une pile, une société a besoin d’un pôle positif et d’un pôle négatif, elle ne peut progresser si elle n’a pas d’énergie négative. Vous trouverez peut-être trop d’énergies négatives dans mon discours, c’est parce que je laisse les énergies positives aux entrepreneurs. »

« Ce pays a besoin d’un réajustement structurel, les entreprises aussi bien que l’État ont besoin d’une force directrice, ils doivent communiquer pleinement avec les électeurs, faire accepter leurs opinions aux électeurs plutôt que de se laisser traîner par les bulletins de vote. Ce n’est qu’en agissant de la sorte qu’ils deviendront des leaders et éviteront de devoir se contenter de suivre les autres. De même, une grande entreprise est forcément un leader pour ses clients et sur le marché. »

Xu Xiaonian est d’avis que le réajustement structurel européen est aujourd’hui une question politique et que les mesures politiques du bien-être social européennes ne peuvent durer. Comment est-il possible de prédire une reprise européenne si on n’a pas le courage ni l’intention d’évoquer cette question ? Les dettes des banques, des entreprises et des gouvernements n’ont toujours pas retrouvé un niveau normal, une situation qui n’est en rien comparable à celle des États-Unis.

« Les entreprises n’osent parler ni de la question du travail ni de celle de la fiscalité, les gouvernements doivent prouver qu’ils ont les qualités d’un dirigeant. Ils doivent réduire les impôts et non l’inverse, ils n’ont pas d’autre choix que de réduire leurs dépenses. Les problèmes structurels persistants nuiront à la compétitivité future du pays. Un pays ne dispose d’une base d’appui que si ses entreprises sont performantes. »

« Le contexte actuel est semblable à celui d’il y a 20 ans à Paris, rappelle Xu Xiaonian, ce sont les Asiatiques qui achètent énormément. Plus la situation est prospère, plus je m’inquiète. Avant, c’étaient les Japonais qui achetaient, aujourd’hui ce sont les Chinois. Je ne veux pas que la Chine suive la même voie que le Japon, mais, malheureusement, plusieurs signes montrent que cette possibilité n’est pas exclue. »

Par ailleurs, M. Xu s’est dit étonné par la capacité d’innovation des entreprises françaises. Dassault Systèmes et Schneider Electric, qui figuraient sur la liste des visites de la délégation chinoise, font tous deux preuve d’une très grande capacité d’innovation et bénéficient véritablement d’un gène de l’innovation.

Agence de Presse Xinhua