Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Oui, vous ne le savez peut-être pas encore pour certains ; pour d’autres, vous l’assumez sans doute sans remord, mais vous êtes aux yeux de l’état tous des criminels en puissance.
Ce qui est étrange je trouve c’est cette recrudescence d’informations d’ordre uniquement économique (ce qui est le sujet qui nous occupe dans les colonnes du Contrarien Matin) qui font état ces derniers jours de ce que pensent nos «zélites» et nos gouvernants à propos du bas peuple.
Il y a eux et nous. Nous, nous sommes un peu benêts, ce qui n’est pas grave du tout pour eux. Eux savent, Eux sont éclairés, Eux connaissent le chemin de la félicité, bref… Eux sont parfaits, mais nous, nous sommes de dangereux citoyens qu’il convient de garder attentivement à l’œil.
Les paiements en espèces de plus de 1 000 euros bientôt interdits ?
Donc, comme avec vos sous, vous êtes de dangereux délinquants capables de ruiner les finances publiques de l’état, grâce au noir (pas les gens pour la police de le pensée, le noir est une expression utilisée pour parler du travail au black… c’est-à-dire non déclaré) le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a dévoilé qu’il voulait abaisser à 1 000 euros par achat, contre 3 000 euros actuellement, pour les résidents fiscaux, le plafond pour lequel un paiement en espèces est autorisé.
Rassurez-vous, vous n’avez rien à cacher, vous êtes de très honnêtes citoyens donc vous ne verrez aucun inconvénient à ce type de loi. C’est l’argument classique qui sera avancé lors de la « consultation » organisée par le gouvernement, pendant « les assises des espèces », afin d’arriver à un « Grenelle des billets » qui débouchera sur un accord historique avec l’abaissement du seuil à 1000€… gare à vous si la douane volante vous contrôle avec 1500€ en cash parce que vous partez en Espagne pour un mois en vacances, et que franchement, vu ce que les banques me prennent en frais à chaque transaction…. Je préfère faire mes retraits au distribank du coin de ma rue… et me voilà, moi brave citoyen… enfin brave, pas tant que ça, puisqu’en tant que Contrarien, la DCRI m’a à l’œil, mais on y reviendra plus tard. Donc me voilà moi brave citoyen mis en garde à vue… embastillée, interrogé, pour justifier mes 500€ de trop dans le portefeuille. Mes dénégations n’y font rien. Je suis déféré devant le Juge, je pars en comparution immédiate, 6 mois de prison ferme pour haute trahison financière. Après ma comparution… il n’y a plus de parution du Contrarien Matin (internet étant interdit en prison).
Face à la mobilisation de la communauté contrarienne, un Juge des Libertés, m’autorise à mener un projet de réinsertion. Mon salaire est pris en charge par l’état à titre d’une expérimentation (pour ce genre de chose il y a des budgets), puis je bénéficie du RSA à ma sortie ainsi que d’une remise de peine de 3 mois pour bonne conduite. Il faut dire que pendant mes trois mois en prison j’ai du cirer les pompes du Gouvernement et dire à tous les lecteurs de revendre leur or….
Bref c’est une fiction bien sûr… c’est juste pour montrer les engrenages.
Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est la réflexion à mener entre la pénalisation des actes et la liberté à ses citoyens.
La Liberté implique la délinquance.
Voilà l’idée essentielle à avoir en tête à chaque débat de ce type.
Nous sommes d’accord sur le fait que tuer son voisin, même s’il l’a fondamentalement mérité (pour le police de la pensée il n’y a aucune incitation au meurtre, lisez la suite) parce qu’il met sa musique à fond au moment où vous voulez dormir…. Ce n’est pas bien. On ne tue pas son prochain, on ne viole pas une femme, on ne vole pas l’argent des pauvres… pour l’argent des banquiers c’est un autre sujet mais comme la police de la pensée veille… vous voyez ce que je veux dire.
Mais comme pour les sous des banquiers il arrive un moment où on s’accorde moins sur ce qui est bien ou mal. Ce qui est criminel aujourd’hui, comme ne pas mettre ses enfants dans un fauteuil bébé norme CE 2012B25 Z 56, lors d’un déplacement en voiture était pourtant une évidence il y a encore 30 ans… bon c’est vrai qu’il y avait quelques dégâts collatéraux…
Il y a donc deux types de sociétés. La première catégorie c’est un monde parfait, ou les morts évitables sont évités, un monde idéal truffé de caméras comme à Londres avec appel à témoin et délation systématique de la population, un monde où tout est numérisé, enregistré, surveillé, avec des drones dans le ciel 24h/24… bref un monde sans délinquance, qui, poussé à l’extrême donne le film « minority report » avec la Police Pré-crime qui vient vous arrêter avant passage à l’acte…
Dans un monde comme celui-là il n’y a plus aucun espace de liberté, de transgression car il ne faut jamais oublier que la créativité est une forme de transgression. On n’y croyait pas. Il était interdit de le dire…. Et pourtant la terre tourne. Voilà l’un des plus beaux exemples de transgression.
Le deuxième type de société est celui qui tolère les transgressions dites supportables. C’est le cas de la France surtout dans certains quartiers…
Ce qui m’amène à mettre en garde le gouvernement. Si il y a suppression des espèces comment faire du trafic de drogue ? Comment faire des jeux clandestins, des paris truqués ? Comment faire pour la prostitution ? Non je ne plaide pas pour la prostitution, je dis juste que ces secteurs « économiques » sont incontournables dans certaines zones de notre pays. On appelle cela pudiquement « l’économie souterraine ».
Mal sans doute, il n’en demeure pas moins que les espèces permettent à beaucoup de gens de «bricoler» de se «débrouiller». En ce sens, cela permet «d’acheter aussi une forme de paix sociale».
Or à propos de paix sociale justement le gouvernement a peur de la guerre.
Le gouvernement s’inquiète des risques d’explosion sociale
Les services de renseignements de la police ont reçu à travers une note du 30 janvier, comme instruction d’anticiper une éventuelle radicalisation de mouvements sociaux. Des policiers ont été postés autour des usines.
Avec la multiplication et le durcissement des mouvements sociaux en France, le gouvernement français s’inquiète désormais ouvertement des risques d’explosion sociale dans le pays.
J’ai beaucoup aimé cette phrase d’un leader syndicaliste « il faut se rendre à l’évidence : on ne va pas continuer à avoir plusieurs millions de nos concitoyens exclus du travail et que tout ça se fasse dans la plus grande discrétion et le plus grand silence ».
Résultat c’est la DCRI (vous savez ceux qui devaient surveiller un type nommé Merah) qui va avoir en charge de surveiller les grévistes, les chômeurs, les pauvres, et accessoirement les types de la mouvance dite survivalistes puisqu’il semblerait que le stockage de boites de conserves devienne un acte hautement subversif… je ne saurais donc trop vous conseiller d’acheter désormais des lasagnes sauce bolo surgelées au cheval roumain pour sauver la société Findus. Oui Findus c’est tout de même 1500 emplois et il ne faudrait pas finalement que Findus ferme… même si ce sont des escrocs… mais de gentils escrocs puisque encore une fois, il n’y a pas vraiment de victime dans cette affaire ni malade, ni mort ni rien… juste pas la bonne viande.
Donc la DCRI va devoir vous surveiller avec attention mes chers contrariens. Vue leur efficacité dans l’affaire Merah ou d’après les dernières rumeurs ils le surveillaient bien… mais ils s’étaient trompés de Merah… Bref, on peut encore espérer passer entre les mailles du filet.
Nous sommes schizophrènes
Hé oui…. C’est le problème avec les gens du peuple. Je suis bien pareil d’ailleurs. Si je me fais arracher mon téléphone portable je demanderai plus de sécurité avec des caméras partout et le rétablissement de la peine de mort (je force le trait bien sûr !!!).
Par contre je veux pouvoir manifester, je veux pouvoir être entendu, je veux pouvoir avoir un espace d’expression, bref… de la liberté.
D’un autre côté j’ai envie de pouvoir dépenser mon argent comme je le souhaite, j’ai envie de pouvoir avoir une maitresse sans que ma femme le sache (Non, non, chérie ne lis pas ces lignes tu vas être choquée pour rien, c’est un exemple, juste pour montrer que la vie n’est pas linéaire) et pour ça je paierai l’hôtel en… espèces sans que cela ne constitue un acte de délinquance sauf bien sûr à l’égard de l’amour de mon épouse.
D’un autre côté, j’aimerais bien que tout le monde paie ses impôts aussi…. Parce qu’après tout, comme on dit autour du comptoir, « y en a marre que ce soit toujours les mêmes qui paient ».
Il y aurait bien une solution
En fait il y en a deux. On interdit purement et simplement les espèces. 100% monnaie électronique. C’est le sens de l’histoire. Je ne vous raconte pas les rentrées fiscales. A ce rythme on pourrait presque espérer équilibrer notre budget… Adieux veaux, vaches, cochons, et maitresses, péripatéticiennes, masseuses, drogues, évasion fiscale, corruption, pots de vin… et financement des campagnes électorales…raison pour laquelle sans doute pour le moment les espèces sont encore utilisables à hauteur de centaines de milliers d’euros par Madame Bettancourt…. Mais c’est une autre histoire.
Adieux anonymat, plombier au black, femmes de ménage non déclarée, baby sitter en dépannage et toute autre transaction sur le bon coin ou Mme Dupont vend à Mme Durant un pantalon d’occas pour gosse (très très subversif pour le système économique les transactions entre particuliers).
Alors l’autre solution, c’est d’accepter un espace de liberté. Il y aura de la fraude. De la triche. Mais le monde n’est supportable que parce qu’il existe un espace dans lequel chacun peut s’exprimer en bien ou en mal. Le mal fait partie de l’homme. Nous pouvons le limiter. Chercher à l’éradiquer est une illusion.
Mais nous sommes dans un monde où la première des grandes illusions c’est le système monétaire. La deuxième grande illusion c’est l’état providence qui nous donnera la béquet éternellement.
Finalement le gouvernement à raison de s’inquiéter. D’ailleurs les suisses, s’inquiètent pour nous depuis longtemps… Mais chuuuut en France c’est différent.
Charles SANNAT
Pour lire l’article du Monde consacré au seuil de 1000€ d’espèces
Pour lire un article dur l’inquiétude du gouvernement concernant la grogne sociale dans notre pays