Vente traditionnelle de disques : est-ce toujours viable en 2013 ?

Alors que les enseignes culturelles sont de plus en plus fragilisées par la numérisation des contenus musicaux et audiovisuels, la Fnac ne semble pas à l’abri du sort qui a frappé Virgin Megastore ces derniers jours. Comment celle-ci compte-t-elle s’adapter ? La digitalisation est-elle une fatalité ?

Si la liquidation judiciaire de Surcouf en novembre dernier avait fait moins de bruit que le dépôt de bilan de Virgin Megastore, c’est que le premier était spécialisé uniquement dans l’informatique.

Mais pour Virgin, les causes sont différentes, car c’est justement l’informatique et la numérisation des contenus musicaux et audiovisuels qui sont (en partie) à l’origine des difficultés et de la dette de l’enseigne spécialisée dans les contenus culturels.

Même constat pour Borders, deuxième chaîne de librairies américaine par la taille, également mise en redressement judiciaire puis en liquidation judiciaire fin 2011, après avoir subi de plein fouet la nouvelle économie du livre et sa déclinaison numérique.

La Fnac pas à l’abri de la crise.
Pourtant, le sort qui a touché Virgin ou Borders guette aussi la Fnac. Pour ne pas avoir à disparaître à son tour, l’enseigne du groupe PPR devra continuer à s’adapter à un marché en constante évolution.

À l’avenir, il semble que seules les enseignes ayant un pied solidement ancré dans le numérique puissent s’en sortir face à la dématérialisation des contenus. Olivier Dauvers, expert de la grande consommation, donne dans une interview pour L’expansion l’exemple de Casino : « L’enseigne est très exposée sur le culturel dans ses hypermarchés Géant, avec une baisse de 15 % de son chiffre d’affaires en 2012. Mais sur la Toile, avec Cdiscount, ses ventes sur le même segment ont progressé de 20 %, ce qui lui permet de dégager des bénéfices. »

Une numérisation indispensable
Alors, Virgin a-t-il loupé le virage du digital ? Le site de téléchargement musical VirginMega.fr, lancé en 2002, n’a jamais vraiment décollé, notamment à cause d’un catalogue relativement réduit (8 millions de titres) alors même que ses concurrents directs culminaient à 15 millions (Deezer, Spotify), 17 millions (Amazon MP3) voire 20 millions de titres (iTunes).

« Le secteur qui a le plus pâti de l’essor du numérique, que ce soit le piratage ou les plates-formes de téléchargement légal, c’est la musique, explique Philippe Moati, chercheur au Crédoc, dans L’expansion. En France, le numérique représentait plus de 30 % des ventes au 1er semestre 2012, et le marché physique se contractait de 4 %. »

Fuir le numérique : une solution ?
Mais se lancer à corps perdu dans le digital n’est pas inéluctable. La Fnac a d’ailleurs choisi une toute autre voie pour se maintenir en forme. Soumise à la même concurrence que Virgin, l’enseigne à laquelle « on ne peut qu’adhérer » devrait changer de modèle commercial d’ici 2015. Vente en petit électro-ménager, création d’espaces enfants, la Fnac a également pris le parti – osé – de mettre fin à son activité de vente musicale sur Internet.

En se focalisant sur les villes moyennes, les Espaces culturels de Leclerc affichent des chiffres en croissance au milieu d’un marché morose.
L’enseigne prévoit également de développer de petits magasins de proximité dans les villes moyennes, à l’image de l’ « Espace culturel » de Leclerc, deuxième librairie et deuxième disquaire de France derrière la Fnac selon le magazine spécialisé LSA.

Et comme une preuve que le disque n’est pas tout à fait mort, les « Espaces culturels » affichaient encore récemment une croissance de 5,7 %, alors que la tendance du marché serait, on l’a compris, plutôt à la baisse.

Avec tous nos remerciements au site JolPress.com