« Un vent d’optimisme souffle sur les marchés européens ! »

Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

C’est le titre d’une dépêche AFP sur laquelle je suis tombé en début de soirée. Vous savez à quel point j’aime les dépêches AFP. C’est bon pour le moral. D’ailleurs, quand vous sentez votre santé mentale défaillir, je vous conseille de suivre une petite AFPthérapie, c’est tellement bon pour la santé et ça vous coûtera moins cher que d’aller chez le psy !

Alors j’ai lu cet article, qui me promettait bonheur, joie et félicité financière et j’ai vu les explications suivantes :

« Les marchés européens ont fait preuve lundi d’optimisme alors que sont réunis les ministres des Finances de la zone euro. »

Ou encore…

« En Europe, ce lundi devrait être l’occasion de calmer le jeu et d’apaiser les craintes, estiment les analystes de Crédit Mutuel-CIC. »

Avouez, vous êtes « con-vaincus » par de telles explications !

Parce que si vous n’êtes pas convaincus, je ne peux plus rien pour vous, ni l’AFP et vous êtes à ranger définitivement dans les contrariens maladifs, dépressifs et indécrottables.

C’est mon cas. Hélas. En effet, je ne vois pas pourquoi le fait que 17 sinistres des Finances se retrouvent autour d’un bon petit gueuleton (à vos frais) soit de nature à faire souffler un souffle soufflant d’optimisme puisqu’ils se réunissent tous depuis cinq ans et continueront à le faire pour les siècles des siècles en accouchant le plus souvent d’une souris…

Concernant la remarque des analystes du CIC, j’en rigole encore. « Cela va être l’occasion d’apaiser les craintes »… Mais les craintes de quoi ? La crise est finie. Passez un bon été, le soleil brille et il fait enfin chaud, ce qui n’est pas trop tôt !

Donc sachez mes chers amis (vous qui ne voulez rien comprendre) qu’un vent d’optimisme souffle sur les marchés européens… Alors j’ai cherché ce qui pouvait expliquer un tel souffle divin sur les marchés…

Mario Draghi défend une consolidation budgétaire « compatible avec la croissance »

C’est dans un article de La Tribune. C’est vrai que lorsque Mario Draghi, le mamamouchi en chef de la BCE, défend la rigueur désormais appelée « consolidation budgétaire compatible avec la crôassance »… il y a de quoi déclencher un souffle… pas forcément pour ceux qui subissent la consolidation en question.

C’est beau quand même les terminologies novlangues.

Il faut dire que Mario s’est engagé à conserver ses taux faibles pour une période prolongée.

Or « jusqu’ici, la banque centrale avait toujours refusé d’anticiper l’orientation de sa politique monétaire. Une démarche qualifiée de mini-révolution et d’historique par les analystes ».

Là aussi les mots sont censés avoir un sens, et le terme révolution est employé à toutes les sauces. Un nouveau modèle de voiture ? C’est une révolution. Un nouveau Aïe-phone… c’est une révolution. Un nouveau sachet fraîcheur pour votre salade… une révolution. Une nouvelle box Internet ? Une révolution bien sûr… Les vraies révolutions désormais se nomment « printemps quelquechose » genre printemps arabe, tunisien, égyptien, etc.

En tout cas, il y a une chose qui est sûre, c’est que comme la BCE vient de promettre de l’argent presque gratuit pour une « longue période », cela fait souffler un vent d’optimisme béat sur les marchés. Je ne vois pas d’autres explications car pour le reste, les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent…

Voici quelques titres de presse rien que de lundi, jugez-en !

« Les ventes mondiales de PSA chutent de plus 10 %… »

« Tourisme : près de 40 % des Français dépenseront moins en vacances… »

« Le taux du livret A pourrait passer à moins de 1 % cet été… »

« Allemagne : les exportations victimes de la baisse de la demande… »

Puis vient le tour de notre inénarrable sinistre de l’Abaissement improductif, Arnaud Montebourg menace le CAC 40 : « Aidons-nous les uns les autres » en nous jouant un mauvais remake du célèbre « aimez-vous les uns les autres », tout en menaçant les entreprises du CAC 40 qui continueraient à saper la rentabilité du tissu de PME françaises, enfin ce qu’il en reste… Voilà qui va améliorer l’attractivité perçue de notre pays…

Sans oublier le Portugal qui poursuit sa descente aux enfers en joyeuse compagnie de son voisin ibérique dans lequel on assiste à une baisse simultanée du nombre de chômeurs… et du nombre de contrats de travail signés. Cette anomalie statistique majeure ne peut s’expliquer que par une manipulation grossière et stupide des chiffres (ce n’est pas le cas et ce serait beaucoup trop voyant), soit par un retour en force de l’économie informelle (en terminologie novlangue), c’est-à-dire le travail au noir…

Enfin, le meilleur pour la fin, la Graisse, qui n’a plus que la peau sur les os et qui prend l’eau de toute part. À tel point d’ailleurs que l’on apprend, figurez-vous, que la Grèce qui continue avec ses méthodes comptables douteuses (comme l’Italie et les autres d’ailleurs) va devoir annuler environ 42 milliards d’euros de recettes prévues (donc dans les budgets) car ces zimpôts sont tout simplement irrécouvrables. Il n’y a plus personne pour les payer.
C’est donc l’Europe, c’est-à-dire nous, qui va à nouveau devoir payer pour le tonneau des danaïdes grec…

Mais, soyez-en sûr, la crise est finie et un vent d’optimisme béat souffle sur les marchés qui, je vous l’annonce, ne vont pas tarder à se retourner prochainement.

Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.

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