Muriel Pénicaud : les entreprises chinoises ont « un grand appétit » pour le marché français

Je pense que l’on peut traduire cela par un simple et lapidaire : « On va se faire bouffer… »

Charles SANNAT

CHENGDU, 27 octobre (Xinhua) – Le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine est une bonne occasion pour dynamiser leurs relations économiques, a expliqué, lors d’une interview exclusive accordée à l’Agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle), Mme Muriel Pénicaud, ambassadrice déléguée aux investissements internationaux, qui s’est déjà rendue à deux reprises en Chine depuis sa prise de fonction il y a quatre mois.

Mme Pénicaud est aussi directrice générale de l’Agence française pour le développement international des entreprises (UBIFRANCE) et présidente de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII).

Mme Pénicaud s’est rendue vendredi dernier à Chengdu, capitale de la province du Sichuan (sud-ouest), pour assister à la 15e Foire internationale de l’ouest de la Chine, dont la France est cette année le pays d’honneur.

Le Forum des PME chinoises et françaises, l’un des événements importants de la foire, a donné lieu à 5 000 rendez-vous entre 200 entreprises françaises et 500 entreprises chinoises.

« C’est intéressant pour les PME françaises et chinoises de se connecter, ce qui crée énormément d’opportunités dans toutes les activités commerciales, comme le transport, les énergies renouvelables, la ville durable, le secteur numérique et le secteur agroalimentaire », a-t-elle indiqué, ajoutant que les grands groupes français étaient depuis longtemps connus en Chine, mais qu’il y avait encore d’autres opportunités.

Pour se rapprocher des clients chinois, la France lancera une campagne de ventes sur Tmall.com à l’occasion du 11 novembre (journée phare pour les achats en ligne en Chine), en invitant notamment Sophie Marceau, vedette très populaire auprès du public chinois, pour promouvoir les marques françaises.

Concernant la réduction du déséquilibre commercial bilatéral, Mme Pénicaud a noté que la France était devenue la deuxième destination des investissements chinois en Europe, juste derrière le Royaume-Uni.

De plus en plus d’entreprises chinoises commencent à s’installer en France dans les secteurs de l’immobilier, de la chimie, de l’agroalimentaire, du tourisme, des équipements et de l’énergie, selon elle.

Mme Pénicaud a notamment donné l’exemple de Synutra International Ltd, une société agroalimentaire chinoise qui construira une usine de production de lait infantile en France. « L’économie chinoise est en train de s’internationaliser », a-t-elle observé, « les entreprises chinoises ont un grand appétit pour le marché français. »

Pour elle, un excellent savoir-faire, un réseau d’infrastructure atteignant les quatre coins de l’Europe, une main-d’oeuvre de qualité et une démographie dynamique sont quatre atouts français qui attirent les investissements étrangers. La France compte 20 000 entreprises étrangères, lesquelles représentent 30 % des exportations du pays.

Par ailleurs, Mme Pénicaud a fait savoir que la fusion entre les deux agences publiques sous sa direction était prévue le 1er janvier 2015 pour faciliter l’internationalisation de l’économie française et les investissements étrangers en France.

D’après elle, par rapport aux géants industriels, les PME françaises comme chinoises sont confrontées à davantage d’obstacles dans leur internationalisation. Elles ne savent notamment pas à qui s’adresser, n’ont pas accès au marché local et ne connaissent pas bien les réglementations au niveau national, régional ou local.

Son agence a vocation à aider les entreprises françaises à exploiter le marché chinois. Mme Pénicaud a proposé aux sociétés françaises de jouer collectivement, « sous le même maillot », comme leurs homologues allemandes.

À ses yeux, l’urbanisation continue de la Chine, qui a démarré il y a dix ans, et l’émergence de la classe moyenne favorisent la coopération franco-chinoise dans les secteurs d’avenir, tels que la santé, le numérique et les énergies renouvelables. Ces secteurs, dans lesquels la France est fortement novatrice, sont justement la priorité des politiques chinoises.