Mistral : Tous au sabordage ! Parés à la manœuvre !

C’est une excellente analyse sur la marginalisation géopolitique de notre pays.
C’est en réalité une double marginalisation.
Nous sommes marginalisés en Europe.
Conséquence, nous sommes encore plus marginalisés dans le monde.
La seule ambitions de nos « zélus » et de nos « zélites » sans imagination ? Transformer la France en grand musée et vendre quelques armes avec l’accord des « Zaméricains » pour chaque contrat…
Charles SANNAT
Mistral© REUTERS/ Stephane Mahe
Il est désolant de constater que même les Américains ne parlent plus de la France dans leurs analyses : que de la Russie et de l’Allemagne.

L’intrépide capitaine de vaisseau Aristide Aubert Dupetit-Thoirs se couvrit de gloire à la bataille d’Aboukir. Ce fut en 1789. À bord de son navire, il fit front à une escadre ennemie et en poussant sa résistance jusqu’au bout. Ayant perdu un bras et deux jambes qui lui furent arrachés par le tir d’un canon, il continuait à commander. Ses dernières paroles furent : « Équipage du Tonnant, n’amenez jamais votre pavillon ! » On dit que le bateau eût été sabordé par son équipage pour qu’il ne tombe pas entre les mains de l’adversaire. Le brave capitaine repose depuis sur le fond sableux de la mer ayant coulé à pic à la barre de son bâtiment.

Aujourd’hui, la France ne compte plus de Dupetit-Thouars dans ses rangs. Les bateaux montrent sagement leur pavillon sans faire usage de leur artillerie. Je ne pourrais même pas me souvenir du nom de la dernière bataille où un bâtiment français eût péri au feu de l’action. Sans doute faut-il remonter à la Grande Guerre pour en repérer la trace. Maintenant la France s’est assagie : elle préfère jouer aux marchands d’influence si ce n’est aux marchands de la mort. Étant classée troisième après les États-Unis et la Russie au palmarès mondial de la vente d’armes, Paris en brade aux quatre coins du monde, ce qui est tout à son honneur d’ailleurs. Mais que dirait le commandant du Tonnant s’il apprenait que son pays a baissé la garde devant les Anglo-Saxons qu’il haïssait de tout son cœur de soldat?

Et voici qu’on apprend que les Américains seraient en état d’obliger les Français à… faire couler leurs propres bateaux ! Ainsi donc quand j’avais appris que, selon Le Figaro, la France irait jusqu’à saborder les Mistral non vendus à la Russie en haute mer !

Appréciez alors le doigté ! Si avant les officiers de la marine nationale coulaient leurs bateaux en ultime argument pour ne pas les rendre à l’adversaire, maintenant ils seraient prêts à couler un équipement flambant neuf tout juste pour faire plaisir au Grand-Frère de Washington ! De quelle indépendance peut-il y être question ? La pudibonderie n’étant plus de mise, je dirais que la France se comporte en dépravée histoire de faire durer un peu l’illusion d’une politique souveraine.

L’Allemagne, elle, n’entend pas se plier à toutes les exigences des stratèges de malheur américains. Elle conserve une marge de manœuvre dans ses relations avec Moscou. Et c’est pour ça d‘ailleurs que les Américains ont une peur bleue de l’alliance germano-russe. Les chefs de la CIA ont bien dit que le pire des scénarios serait l’union de ces deux puissances qui en deviendraient invincibles et hors d’atteinte pour les faucons d’outre-Atlantique. Une telle alliance a été déjà pressentie à l’époque de Staline et n’allez pas me seriner sur le pacte Molotov — Ribbentrop car les Sudètes vinrent bien avant avec la haute trahison de la Tchécoslovaquie par Chamberlain et Daladier.

Alors si on refait le monde, la Russie deviendrait le centre politico-économique du continent eurasien avec la Chine pour l’épauler à l’Est et le potentiel allemand à l’Ouest. Les transactions passeraient par la Banque Asiatique d’Investissements et s’opéreraient désormais en yuans. L’Amérique serait repoussée dans ses retranchements et n’aurait qu’à s’occuper de ses problèmes internes. Il est désolant de constater que même les Américains ne parlent plus de la France dans leurs analyses : que de la Russie et de l’Allemagne. Une situation impossible du vécu de Dupetit-Thouars. Peut-être parce qu’à l’époque, les Français ne sabordaient par leurs bateaux selon le bon gré de l’étranger. Celui qui ne se respecte pas, ne sera jamais respecté par les autres ! À trop louvoyer, on perd définitivement le Nord !

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