« L’escabeau de la colère… »

Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

J’aurais pu vous parler de l’Ukraine, mais finalement nous savons ce qui va s’y passer. Une guerre. On y voit bien les tensions monter plus ou moins progressivement ainsi que le nombre de morts puisque les USA et la Russie s’y livrent en réalité leur propre guerre par Ukrainiens interposés.

J’aurais pu vous parler de la « phase 2 » du quinquennat d’Hollande mais c’est une telle fumisterie qu’on ne perdra même pas 5 minutes pour parler de ce sujet-là.

J’aurais pu vous parler d’Alstom mais de toute façon, Alstom est mort et sera vendu à General Electric car de toutes les manières, le patron, à Paris, ce n’est pas Hollande (tout le monde l’a compris) mais Obama (certains ne l’ont pas encore admis).

Bref, il y a plein de sujets passionnants mais ce qui a retenu mon attention pour deux raisons c’est le décret anti-escabeau. On n’a plus le droit d’utiliser des escabeaux. La première raison c’est qu’en ces temps d’élections européennes, il est passionnant de voir nos parlementaires et autres mamamouchis bruxellois dans leurs œuvres. Cela vous inspirera vraisemblablement pour voter, ou pas ! La deuxième raison c’est que l’on nous rabâche l’idée du choc de simplification, or cela permet de bien comprendre pourquoi JAMAIS le choc de simplification ne simplifiera jamais rien.

C’est donc un article du Parisien qui revient sur la colère de nos arboriculteurs suite à la transposition en droit français de la dernière directive européenne concernant la façon dont on doit monter dans les arbres pour ramasser les fruits… C’est vrai que plus il y a de normes et de règles mieux on se porte, le tout mâtiné de la bêtise crasse de quelques fonctionnaires parisiens qui n’ont jamais dû monter dans un arbre pour cueillir un fruit. Un fruit c’est quoi d’ailleurs ?

Le décret anti-escabeau fâche les arboriculteurs

« Une transposition du droit européen dans le Code du travail effective cette année interdit désormais les échelles, escabeaux et marchepieds comme postes de travail permanents aux moins de 18 ans »… Là, je dois vous avouer que je me suis bien marré. Prenons un exemple simple. Votre serviteur ici présent. Vieux, approchant très dangereusement la quarantaine, lamentablement coincé du dos la moitié de l’année en raison d’une mauvaise hernie discale, disons-le, je grimpe encore dans mes pommiers mais uniquement les jours pairs, et encore faut-il que mon dos m’offre un peu de souplesse. Évidemment, pour monter dans mon arbre, j’utilise un escabeau… Petit flash-back ! Lorsque j’avais 17 ans, je montais à l’arbre sans escabeau et uniquement en faisant une petite escalade à la force des bras… Bref, selon la loi européenne, le vieux handicapé comme moi peut aller cueillir ses pommes en escabeau alors que sans souplesse il est presque sûr de finir avec un accident du travail, et le jeune, en pleine forme évidemment, fait pour ce genre de tâches… lui, n’a plus le droit de travailler…C’est évidemment stupide et absurde. Il y a un âge pour tout. Dans ce genre de métier, on crapahute lorsque l’on est jeune et en pleine forme ; on encadre, on organise et on surveille (notamment la sécurité) lorsque l’on est un peu plus vieux. C’est l’ordre des choses. On voit rarement un général d’armée de 60 ans faire 80 kilomètres de marche avec un ballot de 40 kg sur le dos. Cela porte le nom de simple « bon sens ».

« «Le cueilleur de pommes est assimilé à un élagueur-voltigeur, c’est absurde», pointe Luc Barbier, exploitant à Hoëville (Meurthe-et-Moselle) et président de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). »
Là aussi, j’ai franchement rigolé. Les types qui ont pondu cette perle n’ont jamais vu la tête du moindre pommier d’arboriculture. Pour information, un pommier dans un champs de pommiers ne mesure pas 20 mètres de haut… Justement, il est taillé pour deux raisons. La première, pour que tout soit ramassable avec un simple escabeau justement, la deuxième parce qu’un arbre très taillé va permettre un meilleur rendement pour la production de fruits… Mais bon, pour savoir ça, il vaut mieux sortir outre-périph de temps en temps et ne pas hésiter à parcourir au moins 100 kilomètres après Paris (je sais, c’est une punition) et aller chez les bouseux (je sais c’est une horreur, même que les jours de pluie ils portent des bottes en plastique vert)…

« Le texte a été mis en place en catimini, par un fonctionnaire qui s’est basé sur des statistiques, sans doute pour protéger les salariés du BTP, se lamente Thierry Moisy, qui produit 600 t de pommes par an à Saint-Paterne-Racan (Indre-et-Loire). Mais ce technocrate n’a pas mesuré l’impact dans les vergers, où l’escabeau constitue un outil quotidien. » Mon cher Thierry, c’est le propre du technocrate. Aucune utilité, que de la nuisance. Le principe « primum non nocere », à savoir « d’abord ne pas nuire » est un concept totalement inconnu dans ces sphères. Eux sont intelligents. Nous, nous sommes tous des cons dont on doit « prendre soin » à notre insu !

« Les conséquences sont nombreuses. «Je n’emploie plus aucun mineur», dit Pascal Clavier, arboriculteur à Saint-Martin-d’Auxigny (Cher) sur 50 ha, qui ne sait pas encore comment il s’organisera cet été. Les moins de 18 ans de la région avaient là un moyen de se constituer un petit pécule l’été. Pour eux, c’est fini. En 2010, ils représentaient encore un quart des saisonniers »… Sans blague ! Du coup, plus de gamins dans les champs pour gagner quelques sous, ce qui permet soit d’arrondir les fins de mois d’une famille en galère, soit au gosse de financer ses études ou ses loisirs, sans oublier le fait que le chômage des jeunes ce n’est pas bien. Mais plutôt que de laisser le Thierry offrir un peu de boulot à nos gosses sans que cela ne pèse sur la collectivité, nous préférons, enfin les technocrates préfèrent des emplois d’avenir sans futur et sans intérêt dans ma citée et au milieu du béton payé avec notre pognon… La belle affaire !

« Autre incidence : sur la conduite de l’exploitation et l’équipement de ces agriculteurs, concurrencés par la Pologne, l’Italie et l’Allemagne. «Est-ce qu’il faut couper les arbres à hauteur d’homme, alors qu’ils se déploient au-delà de 3 m ?» raille Pascal Clavier. «Si le texte n’est pas modifié, je vais devoir acheter des plates-formes automotrices à 30 000 € l’unité. C’est impensable alors que nous sommes déjà sur la corde raide», poursuit-il. »
Voilà l’effet délétère des normes. Vous pouvez parler de la même chose avec la bouffonnerie de la norme RT2012 et l’effondrement des permis de construire qui va avec, vu que construire une maison avec des matériaux de merde étanches juste le temps du contrôle et qui « pisseront » le froid dans cinq ans coûte tout de même 30 % plus cher en créant des rentes pour des bureaux d’études multiples et « avariés ».

La connerie génétique des mamamouchis

« «L’escabeau n’est pourtant pas dangereux. J’ai plus d’arrêts de travail le lundi parce qu’un gars s’est blessé au football ou à VTT durant le week-end», assure l’exploitant, qui reconnaît quelques chutes par le passé, mais sans gravité. »

Ben ouais… voilà la réalité. La collectivité paie les soins pour le match de foot du week-end, ce qui est super, tel n’est pas le soucis, mais enfin la sortie en VTT du dimanche n’est peut-être pas aussi productive que de ramasser des pommes… Bref, c’est sûr que les accidents d’escabeau sont un fléau national et européen et qu’il faut prendre des mesures, surtout édictées par le lobby des nacelles élévatrices qui aimerait bien vendre autant de nacelles aux bouseux que les vendeurs de tracteurs ne peuvent déjà le faire. Comment donc créer un marché dont on avait aucunement besoin jusqu’à présent.

Prenez quelques lobbyistes. Faites quelques études de santé publique sur le nombre de chutes en escabeau et le coût estimé au niveau européen. Proposez une loi pour encadrer tout ça et faire face à cette épidémie de chutes. Vendez des tonnes de nacelles. Engraissez-vous et gavez-vous sur le dos des autres. N’oubliez pas d’offrir un stage (bien rémunéré) aux gosses desdits députés européens, un voyage en familles aux Seychelles ou encore un compte en Suisse pour les plus gourmands… pardon un compte à Singapour, maintenant la Suisse n’est plus ce qu’elle était. Demandez donc au cas-huzac.

« Luc Barbier, président de la FNPF, qui a saisi le ministère de l’Agriculture. «Notre ministère de tutelle a reconnu l’absurdité de la situation et il va saisir le ministère du Travail. Mais, en attendant la modification du texte, un arboriculteur peut toujours tomber sur un inspecteur du travail trop tatillon et se faire sanctionner»… »

Franchement, on rigole bien dans ce pays. Je ne vous raconte pas le prix de la pomme chez votre fruitier lorsqu’elle sera ramassée par un jeune de 17 ans, harnaché sur une nacelle à 30 000 euros… 75 € le kg de Golden… À ce prix, c’est de l’or !

Foutez-nous la paix !

C’est juste le message qu’il faut délivrer à tous ces crétins de technocrates mamamouchesques. Foutez-nous la paix. Laissez-nous faire. Nous, les crétins d’en bas, on est vraiment tous très cons, je vous le confirme, j’en fais partie mais en général on sait compter, et lorsque l’on est confronté à un problème, on s’adapte. Ceux qui ne s’adaptent pas, de toute façon, meurent via un processus historique et naturel appelé « sélection naturelle ».

Je propose donc d’appliquer la sélection naturelle à tous nos mamamouchis et les laisser survivre dans notre monde « d’en bas » sans chauffeur, sans garde du corps, outre-périph et dans le privé pendant quelques années avant d’avoir le droit de prétendre à venir faire chier les autres à longueur de journée.

Mort aux cons ! (Pour la police de la pensée, ceci est une expression populaire ne pouvant en aucun cas être assimilée à une incitation à la haine de quelque nature que ce soit.) Enfin, heureusement que l’on va bientôt pouvoir remplacer tous les ouvriers et les « zhommes » par des robots humanoïdes…

Préparez-vous, l’hiver vient et restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT

« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »

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Source article du Parisien ici

 

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