« La dette de la France. Pronostic vital engagé ! »

Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Souvent, on m’explique que je suis trop pessimiste, trop alarmiste. Pourtant, la crise n’est toujours pas finie. Pourtant et malgré une apparence de normalité parfaitement entretenue, notre édifice économique se lézarde.

J’adore cette nouvelle expression de novlangue médicale lorsque pour ne pas dire « il va mourir », on vous explique que le « pronostic vital est engagé ». Eh bien c’est le cas pour notre pays.

L’un des meilleurs indicateurs pour mesurer tout cela c’est bien évidemment notre dette ainsi que le taux d’emprunt auquel nous la finançons. Mais avant tout, laissons la place à l’un de nos Bisounours préférés, notre ministre de l’Économie et des Finances, qui disait me semble-t-il récemment qu’il voulait aller pêcher le bar après une nouvelle réforme qu’il doit mener. On le comprend. Tant de soucis pèsent sur ce brave homme, qui heureusement peut compter sur sa copine dont il est le phare dans la tempête. Sans être devin, il est assez aisé de prévoir qu’il va pouvoir jouer au phare à défaut d’être une lumière dans la mesure où la tempête arrive. La pêche au bar devra sans doute attendre.

L’endettement de la France va atteindre « un maximum », admet Pierre Moscovici

Selon Pierrot donc, « l’endettement de la France va atteindre un maximum puis décroîtra »

Si nous sommes tous d’accord sur la première partie de sa phrase, le coup de « ça va s’arranger après » me laisse pour le moins dubitatif. C’est comme pour les retraites. Lorsque les baby-boomers seront tous morts et enterrés (le plus tard possible j’espère pour chacune et chacun d’eux), figurez-vous que le système se rétablira. C’est vrai lorsque l’on regarde la pyramide des âges, mais la véritable question est combien de temps pourrons-nous financer ces retraites versées par de la dette ? Il ne faut pas confondre le temps des marchés et le temps de la démographie, ce sont deux choses qui n’ont strictement rien à voir.

On peut donc prévoir que la dette de la France poursuivra son augmentation jusqu’au moment où la croissance miraculeuse reviendra combler et rembourser notre dette d’un coup de baguette magique alors que cela fait 40 ans que notre dette augmente chaque année… et que chaque année nous avons un peu moins de croissance économique. Mais c’est une certitude ministérielle, « l’endettement de la France décroîtra »… Remarquez, il n’a pas dit non plus à partir de quand… Pas folle la guêpe !

Eh bien si ! Elle est folle notre guêpe de Bercy puisqu’elle nous dit que :
« Ainsi, elle dépasserait les 1 950 milliards d’euros (la dette) à la fin de l’année prochaine, si la croissance atteint 0,9 % comme annoncé par le gouvernement. Elle n’entamerait donc sa décrue qu’en 2015… »

Hahahahahahahahahahahaha, promis-juré-craché en 2015 vos zimpôts ils baisseront et la dette itou… et moi je suis le pape. Enfin, c’est ce que je dis aussi à ma femme en regardant mes paquets de cigarettes (je précise pour la police de la pensée et conformément à la législation en vigueur que fumer tue). Chérie, promis. En 2015, j’arrête la clope. De vous à moi, elle me regarde en biais du genre « arrête de me prendre pour une crétine ».

Un endettement justifié

Continuons l’analyse des propos de notre sinistre économique Pierre Moscovici.

Il a justifié cet endettement par deux éléments.

D’abord, « les déficits structurels augmentent et pèsent sur la croissance ».
Cela revient à vous expliquer que la dette augmente parce que la dette augmente, ce qui est un éclair de génie explicatif tout de même. Les déficits structurels augmentent…. Ben oui Pierrôt ! Même que quand tu dépenses plus que ce que tu gagnes, eh bien tu te retrouves à découvert… Et que tous les découverts cumulés vont former ta dette (je me permets de lui expliquer parce que dans son esprit, tout ça n’a pas l’air si clair). Et que même que pour éviter que les déficits (structurels ou pas) ils augmentent encore, eh bien faudrait dépenser moins. Comme ça on lèverait moins d’impôts et que ça pèserait moins sur la croissance.
Soyons clairs. Les déficits ne pèsent pas sur la croissance. Ce sont les impôts qui servent à payer les intérêts de la dette qui pèsent sur la croissance… Vous imaginez la tête de votre croissance si en plus il fallait rembourser la dette et pas juste payer les intérêts… taux d’intérêt qui sont au plus bas… Je vous laisse imaginer ce qu’il va se passer si la FED les laissent remonter encore un peu…
Mais Pierrot il va encore plus loin aujourd’hui. Il est intellectuellement déchaîné et il a eu ce commentaire génial et craint de vérité :

« À cela s’est ajouté un nouveau phénomène, qui est que pendant la crise, nous avons consenti à des plans d’aide pour des pays en difficulté. »

Hahahahahahahahahaha, Pierrôt mon ami Pierrot, il vient de se rendre compte que c’est nous qui payons pour renflouer des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, ou Chypre (et la liste n’est pas exhaustive).
Pourtant, il me semble dire, écrire, et répéter depuis quelques années que les mécanismes de sauvetages européens, c’est faire payer par des pays surendettés la dette de pays carrément en faillite, ce qui au bout du compte permettra de noyer tout le monde. Ça ne peut pas fonctionner. Cela nous fait gagner du temps mais rien de plus.

Mais pour Pierrot tout va très bien et vous pouvez vite aller vous rendormir car « c’est que la France mène les réformes qui permettent justement de réduire ce déficit structurel.
La signature de la France n’est pas en danger ».

Lorsque l’on atteint ce niveau-là, on peut quand même se gratter la tête. En gros, notre PIB est de 2 000 milliards d’euros. En gros, la dette sera cette année de 1 995 milliards d’euros. Alors en gros et en données corrigées de la croissance que nous aurons ou pas, on va frôler les 100 % de dettes/PIB. Entre-temps, il va bien falloir payer nos zamis les fonctionnaires, nos zamis les retraités, nos zamis les chômeurs et tout ce qui constitue nos dépenses, qu’elles soient comptabilisées ou pas dans la dette de l’État. Je rappelle que les retraites ne figurent pas dans les 1 995 milliards d’euros de dette…

Que va-t-il se passer maintenant ?

Mais rien voyons. La signature de la France n’est pas en danger (ce qui veut dire qu’il commence à avoir vraiment très peur), dormez tranquilles braves gens. Tout va bien.

Eh bien non, pas tout à fait ! Il faut désormais surveiller les taux d’emprunt de la France comme le lait sur le feu car si la FED continue son petit jeu malsain, cela pourrait vite devenir problématique. Je vous explique.

La plus grosse dette de tous les pays du monde est évidemment la dette américaine. En plus, ils zont la plus grosse armée avec tout plein de porte-avions et les plus gros missiles sans oublier la monnaie de référence mondiale, le dollar. Donc quand les taux américains augmentent (ce qui est actuellement le cas), cela fait monter par ricochet tous les autres taux d’emprunt des autres pays, puisque les zinvestisseurs vont au moins risqué et au plus rémunérateur. Logique. Résultat : les taux européens au sens large et allemands ou français sont orientés en très nette hausse depuis 4 mois.

Vous en conviendrez avec moi, lorsque nous avons une dette qui est hors de contrôle, avec des taux qui montent, cela va vite commencer à poser un léger petit problème technique d’ordre économique et portant le doux nom de « cessation de paiement », ou de « faillite ». Nous y allons. De plus en plus vite, nous nous rapprochons de ce moment où nous serons exactement dans le même état que la Grèce ou l’Espagne et c’est ce que j’appelle la « grécification » de la France.

Si la France réduit ses dépenses de façon importante, nous aurons une récession majeure puisque 60 % de notre PIB est constitué par de la dépense publique, ce qui fera s’effondrer les recettes fiscales (comme en Grèce) et exploser le déficit à la hausse.

Si nous ne faisons rien, ou comme le gouvernement presque rien, nous continuerons à avoir un peu d’activité économique avec de toute façon des déficits en hausse comme chaque année depuis 40 ans sauf que toutes ces dettes se cumulent, s’accumulent et portent des intérêts chaque mois plus élevés.

Nous sommes donc condamnés à la faillite à plus ou moins brève échéance.

Et c’est à cela que vous devez impérativement vous préparer. Des temps très difficiles arrivent et pour beaucoup nous nous agrippons à la normalité ambiante et à l’espoir que non, ILS trouveront des solutions. Mais si vous tournez le problème dans tous les sens, vous êtes forcés d’accepter qu’il n’y a aucune bonne solution. Aucune.
Il ne vous reste donc plus qu’à prendre vos mesures de protection individuelles.

Croyez-moi, la France fera faillite et d’autres aussi. Mais si chacun d’entre nous s’y prépare, nous serons tous plus forts collectivement.

À demain… si vous le voulez-bien !!

Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.

Voir un article sur les déclarations de notre Ministre de l’économie