Fiche pays : l’or pèse de plus en plus lourd au Brésil

Qu’ils soient économiques, sociaux ou administratifs, bien des défis attendent le Brésil en pleine émergence. L’or occupe une place centrale dans le coffre-fort du Brésil qui cherche de plus en plus à diversifier ses réserves et notamment avec le précieux métal. C’est pour cette raison que la banque centrale brésilienne a doublé le montant de ses réserves ces deux dernières années.

L’histoire de l’or au Brésil

La découverte de l’or au Brésil coïncide avec l’arrivée des Portugais et à leur colonisation pendant près de 300 ans. L’exploitation de l’or s’effectuera surtout au 18e siècle à l’aide d’esclaves venus d’Afrique.

Pour le Portugal, rincé par de longues guerres avec l’Espagne et les Pays-Bas, la découverte de l’or au Brésil est une aubaine. À l’intérieur du Brésil, les Mines générales (Minas Gerais) deviennent la principale activité économique du Brésil colonial au XVIIIe siècle, qui permet au Portugal d’acheter des biens industriels à l’Angleterre et de construire de somptueux monuments baroques.
La capitale de la province où se situent les Minas Gerais s’appelait « Ouro Preto » (Or noir) en raison de la couleur foncée des terres alluviales où était extrait l’or. Une Monnaie installée à Ouro Preto émit des Reis en or dès 1724.
3 autres ateliers brésiliens (à Bahia et Rio de Janeiro) frappaient des monnaies identiques à celles émises au Portugal, mais que l’on pouvait différencier grâce aux lettres correspondant aux ateliers brésiliens : M, B ou R.

La production d’or au Brésil était telle au XVIIIe siècle qu’à elle seule elle égalait toute la production aurifère des colonies espagnoles d’Amérique du Sud et que c’est elle qui constitua les monnaies portugaises en or à l’effigie de Jean V.

Monnaies d’or brésiliennes

Peuple de navigateurs, le Portugal et ses nombreuses colonies ont permis à leurs monnaies de circuler à travers le monde entier. Les pièces en or portugaises (reis, cruzados, escudos) avaient de ce fait une légitimité universelle.

La principale monnaie du Brésil était la pièce en or de 4 000 reis, connue partout sous le nom de « moidore » (pour « moeda da ouro », pièce d’or).
Toutes les monnaies furent exprimées en reis et en unités décimales à partir de 1836 jusqu’à la fin de la monarchie portugaise et début de la République du Portugal, en 1910.
À partir du système décimal, le reis devient la monnaie officielle du Portugal. Il se décline en 5 formats, dont certains, en fonction des millésimes, diffèrent au niveau du poids. Il existe des pièces de 1 000 à 10 000 reis.

2 000 reis portugais avers et revers

Le reis portugais est, comme de nombreuses monnaies en or officielles de l’époque, conçu pour commercer. Il est donc composé d’un alliage solide (917.00 ‰). C’est pourquoi on le retrouve généralement en bon état de conservation. Comparé aux cruzados et escudos en or, le reis est une meilleure monnaie d’investissement, plus accessible, même si ses tirages étaient relativement limités.
Le reis en or est une pièce qui relève à la fois de la numismatique et de l’investissement, qui permettra au collectionneur de voyager à travers l’histoire des grands navigateurs.

La place de l’or au Brésil

Depuis 2012, le Brésil cherche à tout prix à diversifier ses réserves étrangères. Le pays a ainsi doublé ses réserves en or depuis ces dernières années, passant ainsi de la 51e place avec 33.6 tonnes d’or (en août 2012) à la 42e place avec 67,2 tonnes d’or (en juin 2014), atteignant son plus haut niveau depuis janvier 2001.

Le schéma ci-dessous, issu d’une étude sur l’or et la diversification des réserves étrangères des banques centrales des marchés émergents (World Gold Council), montre que le réal brésilien est la monnaie pour laquelle il existe le plus de contrepartie en or physique.

La faiblesse du réal ne facilite pas l’entrée de capitaux étrangers dont le Brésil a pourtant besoin pour financer ses importations, comme nous l’évoquions dans ce dossier consacré aux BRICS.

Les inégalités sociales qui ne cessent de se creuser, la criminalité et la violence sont autant de problèmes majeurs qui font que l’or occupe une place très importante dans le pays.

Les nombreux filons aurifères de la Guyane française, frontalière du pays, attire quantité d’orpailleurs illégaux. En 2012, deux militaires français ont été tués dans le cadre d’une mission contre l’exploitation illégale de l’or dans la forêt guyanaise.
« Des milliers de chercheurs d’or brésiliens sortent clandestinement des tonnes d’or de Guyane le long des 730 km de frontières qui la séparent du Brésil. » (Slate.fr).

À ce sujet, l’accord contre l’orpaillage illégal qui devait être signé entre la France et le Brésil tarde à être ratifié par le Brésil.

Comme le souligne l’article « L’or de Guyane pèse moins lourd que le Brésil » de Slate.fr cité plus haut, les moyens mis en œuvre par la France pour lutter contre l’orpaillage illégal sont peu efficaces et ce n’est pas prêt de changer. « Parce qu’il en va des relations diplomatico-commerciales de la France avec le géant brésilien, l’or guyanais continuera encore longtemps à alimenter les comptoirs brésiliens, l’envolée du cours de l’or aidant, malgré son corollaire de graves problèmes sociaux, environnementaux et sanitaires. »

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