Défaite des grands partis aux élections européennes, l’analyse des résultats vue par les Chinois !

STRASBOURG, 27 mai – Toute l’Europe a passé la journée de lundi à digérer les résultats des élections au Parlement européen (PE), qui à la fin se sont révélés aussi surprenants que prévus par les sondages.

Dans l’Union européenne (UE), les partis à la fois d’extrême-droite et d’extrême-gauche ont fait des progrès spectaculaires au détriment des partis traditionnels de centre-droit et centre-gauche.

Sans doute, le score le plus étonnant s’est vérifié en France, où le Front national (FN), parti europhobe, a remporté 25 % des voix, loin devant l’UMP, en deuxième place avec 20,4 % des voix. Les Socialistes du président François Hollande, au pouvoir actuellement, ont été humiliés avec seulement 14,7 % des voix, enregistrant un score historiquement bas lors d’une élection européenne.

Mais tout aussi étonnante était la victoire du Parti de l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui demande un référendum sur l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’UE. UKIP a remporté 28 % des voix, ce qui lui donne au moins 10 sièges supplémentaires au PE. C’est la première fois, depuis 1910, qu’une telle élection nationale ou européenne a été remportée par un parti autre que les conservateurs ou le Parti travailliste.

Les partis d’extrême-droite ont aussi progressé au Danemark, en Autriche et en Hongrie, alors que le parti d’extrême-gauche Syriza est arrivé en tête en Grèce.

Bien sûr, ces résultats ne reflètent pas nécessairement les opinions de tous les électeurs à l’égard du PE ou de l’UE. Au contraire, cette élection a été l’occasion pour certains électeurs de sanctionner leurs gouvernements nationaux. Ce fut largement le cas au Royaume-Uni, où il y a un mécontentement général de la coalition conservateur/libéral-démocrate, et c’est sans doute également le cas en France, où le président François Hollande a atteint un sommet d’impopularité jamais constaté parmi les présidents français.

En outre, les électeurs pensent généralement qu’ils sont plus libres d’utiliser un vote de protestation aux élections européennes étant donné celles-ci ne sont pas considérées aussi sérieusement que les élections nationales.

Pour les partis d’extrême-droite, il semblerait que les électeurs ne sont toujours pas attirés par la rhétorique de la restauration des pouvoirs des institutions européennes dans les Parlements nationaux. Au lieu de cela, la question cruciale reste celle de l’immigration.

Mais cette question sensible porte une énorme dimension européenne, en ce sens qu’elle porte le pouvoir de remettre en question l’un des principes fondamentaux du marché unique de l’UE, la libre circulation des citoyens européens dans l’UE.

À l’autre extrémité, le soutien aux partis d’extrême-gauche, comme le Syriza d’Alexis Tsipras, est dû au programme d’anti-austérité subi par certains pays européens.

Néanmoins, ces résultats ont des implications évidentes dans la composition du nouveau Parlement quand les députes siègeront en juillet prochain. Dans les semaines à venir, les négociations entre différents groupes démarreront. Les 26 et 27 juin, il y aura une réunion du Conseil européen qui jouera un rôle fondamental dans le choix du prochain président de la Commission européenne (CE). Avant cela, le mardi 27 mai les chefs des gouvernements européens se réuniront pour discuter des résultats de ces élections.

Les estimations montrent que le parti de centre-droit (PPE) reste toujours le plus grand parti dans le nouveau Parlement, avec probablement 213 députés. Le groupe de centre-gauche des socialistes et démocrates (S&D) devrait obtenir 190 députés. Mais l’effondrement prévu du parti libéral ALDE ne s’est pas concrétisé. ALDE reste à la troisième place espérant obtenir 66 députés, tandis que les Verts devraient avoir 54 sièges, les Conservateurs et Réformistes européens (ECR) 46 sièges et la GUE d’extrême-gauche devrait avoir 42 députés.

Or, le PPE n’atteindra pas la majorité absolue avec une simple coalition avec ALDE, son alliance préférée. Il essayera d’attirer l’ECR pour former une coalition de centre-droit plus large si c’est la stratégie choisie.

Cependant, comme les résultats ont été scrutés par les analystes tout au long de lundi, l’attention s’est tournée vers la perspective d’une « grande coalition » entre le PPE et S&D. Ces deux partis vont probablement obtenir plus de 400 sièges sur 751 dans le nouveau Parlement, largement au-dessus de la majorité absolue qui est de 376 sièges. La majorité absolue est requise pour la confirmation du prochain président de la CE, et pour le nouveau collège des commissaires de la CE.

Dans le PE, à la différence de nombreux Parlements nationaux, une telle coalition ne serait pas hors de propos. Le PPE et S&D sont habitués à travailler ensemble et trouver des compromis sur une législation complexe. Ces groupes, ainsi que les libéraux et les Verts, sont, bien entendu, majoritairement pro-européens, et ont donc un intérêt commun dans la lutte pour la cause européenne face à des opposants d’extrême-droite et d’extrême-gauche qui ne cherchent qu’à démanteler l’ensemble des institutions européennes.

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