Alstom : lettre de Jean-Pierre Chevènement au Premier ministre Manuel Valls

Je reproduis ici la Lettre de Monsieur Chevènement, me sentant parfaitement Chevènementiste, sur le dossier Alstom. Vous pouvez allez découvrir son blog ici. Soyons clair, il s’agit-là du démantèlement de l’industrie française au profit uniquement des intérêts américains. Il s’agit d’une vassalisation de la France. Gauche ou droite, du centre ou d’ailleurs, tous ceux qui ont une certaine idée de la France et de notre pays ne peuvent accepter cette destruction sans le dire. La France n’est pas à vendre. La France ne peut être vendue et les intérêts de son peuple bradés de la sorte quand bien même nous devrions fâcher Obama.

Nous sommes ici testés par les marchés américains. Si nous cédons sur Alstom, alors toutes les multinationales US viendront faire leur marché chez nous et ce qui nous reste encore de technologie et d’industrie sera définitivement balayé en quelques mois à peine.

Charles SANNAT

Lettre de Jean-Pierre Chevènement au Premier ministre Manuel Valls, en réaction au rachat supposé de la branche Energie d’Alstom par General Electric, en date du 25 avril 2014. Une correspondance de même nature a également été adressée le même jour à M. le Ministre de l’Économie et du Redressement Productif Arnaud Montebourg.

Monsieur le Premier ministre,

La presse économique (Les Échos du 25 avril 2014 et Le Figaro économie du même jour) annoncent comme très avancé le projet de rachat de la branche énergie (Alstom Power) par General Electric.

Le groupe américain a déjà repris en 1999 la branche « turbines à gaz » quand Alstom a choisi de reprendre les turbines à gaz fabriquées en Suisse.

Ce fut une énorme erreur à laquelle Alstom a failli ne pas survivre.

Avec le recul de quinze ans, nous constatons que cette opération autorisée par le Gouvernement de l’époque a abouti à deux résultats : Alstom a vu sa part du marché dans les turbines à gaz, qu’elle fabrique désormais en Suisse, se réduire considérablement. Par ailleurs, General Electric, s’il a dans un premier temps développé ses fabrications à Belfort, tend aujourd’hui à relocaliser une part de ses fabrications aux États-Unis, ce qui correspond, semble t-il, aux orientations données par le Président Obama.

Cette évolution illustre la nécessité de maintenir en France les centres de décision, comme vous l’avez d’ailleurs évoqué. Nous savons ce que nous a coûté l’abandon d’Usinor-Sacilor à Arcelor, au prétexte de constituer un groupe européen, puis à Mittal, la France s’étant désarmée en acceptant le choix du Luxembourg pour l’implantation du siège social d’Arcelor.

Il en est allé de même avec Péchiney, abandonné à Alcan sur décision de la Commission européenne avec comme conséquence la fermeture de l’usine de Saint-Jean-de-Maurienne.

Hier, c’était le tour de Lafarge dont le siège social a été délocalisé de Paris à Zurich.

Aujourd’hui, la reprise de la branche énergie d’Alstom porterait un coup fatal à l’indépendance de notre filière électronucléaire. Elle signifierait l’abandon par la France d’un des deniers pans de son industrie d’équipement : turbines à vapeur, alternateurs de moyenne et de grande puissance, etc.

Comme l’observe le journal Les Échos, la fuite des centres de décision est dramatique : lorsqu’on mesure pleinement les conséquences, comme à la guerre il sera trop tard pour livrer bataille.

C’est pourquoi je vous demande instamment, Monsieur le Premier ministre, de bien vouloir faire valoir aux actionnaires et aux dirigeants des groupes concernés que ce transfert de propriété est hors de question. À travers les marchés publics, l’État a les moyens de se faire entendre.

Vous remerciant d’une prompte intervention, je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, à l’assurance de ma considération distinguée.

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