L’Europe par De Gaulle : « Quand on est couillonné, on dit : je suis couillonné et je fous le camp ! »

C’est notre camarade contrarien Bruno qui a attiré mon attention sur ce dialogue entre Charles de Gaulle et Alain Peyrefitte parfaitement d’actualité au moment où les Allemands font bien comprendre que l’appartenance à la zone euro n’est pas irréversible et que la Commission européenne a diffusé un communiqué en expliquant que « l’euro était irrévocable ».

Les traités sont faits pour être déchirés. Les accords pour être dénoncés ou renégociés, les protocoles pour être amendés et les alliances pour être brisées.

Croire une seule seconde que parce que les traités ne prévoient pas de clause de sortie de l’euro cela rendra « irrévocable » la monnaie unique c’est oublier tout simplement l’enseignement de plus de 6 000 ans d’histoire de l’humanité où les trahisons, les guerres, les paroles non tenues ont tout simplement façonné et jalonné notre évolution.

« – De Gaulle : Le Marché Commun, il n’y a en fait que deux ans qu’on a commencé à le réaliser. Or notre expansion industrielle remonte à bien avant deux ans. L’expansion industrielle allemande, italienne, de même. Ceux qui racontent des histoires sur les bienfaits incomparables de l’intégration européenne sont des jean-foutre.

– Alain Peyrefitte : Le traité de Rome n’a rien prévu pour qu’un de ses membres le quitte.

– De Gaulle : C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : « Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! » Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça. »

Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle, Fayard, tome 2, page 267.

Charles SANNAT