Gaz de schiste : le nouveau rêve américain anéanti. 96 % de réserves en moins finalement !!

C’est un excellent papier publié par nos amis d’Économie Matin qui font un excellent travail pédagogique sur l’économie pour tous. Le sujet ? Les gaz de schistes qui sont en train de se révéler, comme nous l’annonçons depuis plusieurs mois, comme un vaste mirage qui plus est dramatiquement nocif pour l’environnement. Nous n’échapperons donc pas au pic pétrolier et à la raréfaction des matières premières et autres ressources en particulier énergétiques.

Charles SANNAT

Le nouveau rêve américain – redevenir les rois du pétrole – n’était bien qu’un rêve : l’EIA (Energy Information Administration) a ramené sur terre les espoirs de trouver en quantité énorme du gaz et du pétrole de schiste en Californie en diminuant les estimations de 2011 de 96 %. Au lieu de contribuer activement à l’autonomie énergétique souhaitée par les États-Unis, cette réserve ne devrait plus fournir que 32 jours de pétrole à l’économie américaine. Ce n’est pas sans conséquence sur le prix du pétrole et l’évolution du dollar.
La déception des prévisions

En 2011, la société Intek publiait une étude démontrant que le sol californien regorgeait d’un trésor : de l’or noir ou du gaz en abondance. La réserve nouvellement étudiée était ainsi censée contenir l’équivalent de 15,4 milliards de barils, autrement dit le site de Monterey représentait donc 64 % des ressources américains en pétrole de schiste. Le début d’un nouvel âge d’or pour les États-Unis.
Finalement, après correction faite par l’EIA, il semble que les réserves réelles soient inférieures de 96 % à celles annoncées précédemment, soit 600 millions de barils… Au final, c’est donc une dépréciation de deux tiers des espoirs partis en fumée.

Les retombées pourraient être dramatiques pour les Américains, et plus particulièrement pour la Californie. En effet cette immense réserve supposée devait permettre de créer 2,8 millions d’emplois et rapporter quelques 24,6 Mds $ de recettes fiscales. Les Américains envisageaient même d’exporter le pétrole et le gaz nouvellement découverts, en modifiant l’Export Administration Act de 1979 (jusqu’ici l’énergie fossile est considérée comme étant une ressource stratégique en cas d’embargo et donc interdite d’export). Pour ce faire, il aurait évidemment fallu que l’extraction de pétrole soit plus que suffisante pour satisfaire les besoins des États-Unis, pour que le pays stoppe ses importations. Ce scénario semble bien loin désormais. Ces espoirs n’étaient fondés que sur du vent ; beaucoup de vent même.

Comment la première étude a-t-elle pu être aussi imprécise ? Certains spécialistes, dont le géologue David Hughes, avaient pourtant mené des estimations empiriques et conclu que la Californie ne devrait pas, pour son futur économique et énergétique, compter sur ces ressources car les réserves probables étaient bien trop optimistes. De même il y a un an, Bill Powers (auteur de Cold Hungry and in the Dark) contredisait les chiffres et dénonçait les manipulations de la « la machine médiatique de l’industrie pétrolière ». Lorsque l’EIA anticipait 100 ans d’indépendance énergétique, Bill Powers n’y voyait que 5 à 7 ans. Si ces spécialistes indépendants sont arrivés à de telles conclusions, pourquoi Intek et l’EIA ont-ils pu se tromper ?
Comment expliquer de telles erreurs d’appréciation ?

Les chiffres sont particulièrement importants en économie : c’est sur quoi repose tout raisonnement et tout projet. Ainsi en surévaluant très largement ces anticipations de réserves, les États-Unis ont pu temporairement faire croire à une reprise durable dans le pays et ainsi soutenir la solidité du dollar face aux diverses attaques récentes dénonçant l’usage de la « planche à billets » électronique.

C’était aussi un parfait prétexte de lobby pour légitimer l’exploitation du site de Monterey. Il est en effet délicat de faire accepter la fracturation hydraulique aux riverains. Mais dans le cas de Monterey l’importance des réserves semblait largement compenser les dommages écologiques et économiques : endommagement des infrastructures locales, anomalies sur le marché du travail, pollution de nappes phréatiques, etc. Désormais, non seulement la réserve a « diminué » de 96 %, mais de nouvelles recherches publiées le mois dernier ont démontré que les émissions de méthane (gaz dangereux pour l’environnement) étaient quant à elles sous-estimées de 100 à 1 000 fois.

En diminuant de 96 % l’intérêt supposé de ces sols schisteux et en multipliant ainsi le risque environnemental, le site de Monterey n’a plus d’intérêt.Le pétrole flambe. Certes pas autant qu’en 2007 où le baril avait atteint 150 $ environ, mais il touche des niveaux très élevés depuis cette année record. Serait-ce dû une reprise de l’activité économique, énergivore, aux États-Unis ? Les chiffres de PIB le démentent.

En réalité, la production de pétrole aux États-Unis a fortement progressé depuis 2008, passant de 5 millions de barils par jour à près de 7,5 millions en 2013. Pourtant, les marges des raffineurs n’ont pas cessé de diminuer depuis mi-2013 et s’approchent désormais des niveaux les plus bas depuis 5 ans. Plus de pétrole, mais plus enfoui et de qualité moindre, donc de plus en plus coûteux de l’exploiter. Tendance générale dans le monde : là où jadis le pétrole sortait tel un geyser, il faut aujourd’hui forer à des kilomètres de profondeur ou fracturer les sous-sols pour n’en trouver qu’un peu.

La hausse des prix du pétrole semble donc une tendance installée. La revue à la baisse des réserves ne devrait pas arranger les choses. Les États-Unis importeront toujours 40 % du pétrole dont ils ont besoin et exporteront des dollars qu’ils créent à volonté.

Source Économie Matin à lire ici !!

 

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